07/06/2014
Privés de pique-nique
Le maire écrit beaucoup en ce moment, mais rarement pour annoncer de bonnes nouvelles. Il vient en effet d’adresser une lettre à tout le personnel de la mairie. La raison est plutôt banale au premier abord : informer le personnel de l’avancement des projets. Il se félicite au passage d’une action primordiale : « la stabilisation des impôts ». On se demande ce qu’il a fait, puisqu’il a proposé au vote les taux prévus par l’ancienne équipe dans la préparation du budget 2014, taux inchangés depuis 2010. Le plus étonnant est qu’il s’imagine qu’il va tromper les membres du personnel communal, alors qu’ils sont particulièrement bien placés pour connaître la réalité.
La lettre continue avec des compliments sur la « compétence », « l’engagement » du personnel. Mais en fait tout cela n’est qu’un prétexte avant d’en venir à l’essentiel : annoncer qu’il a décidé de supprimer - pardon - de« suspendre temporairement le pique-nique du personnel qui avait lieu traditionnellement en juin ». De quoi s’agit-il ? Chaque année, le personnel de la mairie était invité à pique-niquer dans le jardin des services techniques, à côté de la mairie… C’est dire si cela coûtait cher à la Ville ! C’est par ailleurs le b.a. ba de toute bonne gestion du personnel d’une collectivité : remercier les agents de leur travail et leur permettre de tisser des liens étroits en dehors du cadre professionnel. Mais cela n’entre apparemment pas dans la vision du management du maire actuel.
Le pire dans tout cela est la justification donnée par le maire pour expliquer au personnel la fin du pique-nique : d’une part, l’attente « d’un véritable projet de communication interne » ; d’autre part, le fait que le mois de juin soit une « période déjà très chargée pour vous »… Comme cela est prévenant ! La pause conviviale offerte aurait donc été si pesante ? Que les agents se rassurent : on la supprime… mais c’est pour leur bien. Par ailleurs, tout « véritable projet de communication » (qu’il soit du reste interne – vis-à-vis du personnel communal – ou externe – vis-à-vis des Arcisiens) ne commence-t-il pas simplement, au quotidien, par un contact direct, parfois formel, parfois convivial, avec les uns et les autres ? Encore faut-il accepter de se « frotter » à l’exercice, en étant dans une authentique démarche de communication, et non de simple information cadenassée, qui exclut tout retour et préserve de devoir assumer et justifier ses décisions… Les derniers exemples en date sont, en ce sens, tout à fait révélateurs : qu’on supprime les ateliers théâtre, ou qu’on tienne un discours « poudre aux yeux » sur la réforme des rythmes scolaires (voir article du 8 juin), on se retranche derrière un courrier, en évitant tout contact avec les principaux intéressés. Quant au pique-nique du personnel, pourquoi le supprimer ? Pour éviter que les agents n’échangent trop entre eux ? Pour éviter d’avoir à échanger avec eux ? De quoi le maire a-t-il peur, au juste ?
00:03 Publié dans Chronique